On me demande souvent de parler du travail de la coopération belge à Siem Reap. Voici un article de Frédéric Amat, paru dans le Cambode Soir le 8 mars dernier, en attendant que je vous en dise plus, c'est un article sympa qui dit bien les choses. je vous conseille aussi la lecture du superbe dossier réalisé par La Libre Match en février.
"Six millions de dollars répartis sur 4 ans. C’est le prix de la thérapie offerte par la coopération technique belge au gouvernement royal du Cambodge, destinée à sauver l’administration régionale de la santé. Et le premier bilan semble très encourageant. En un mois seulement, l’activité hospitalière a été augmentée de 38% et le nombre d’opérations chirurgicales a presque triplé, passant de 30 à 80. Les allées du jardin dans la cour de l’hôpital s’animent, les murs vieillots reprennent des couleurs, les pavillons se garnissent et docteurs et infirmières répondent désormais présent à l’appel. Il a fallu pour cela aux responsables de la coopération aborder des sujets sensibles avec l’ensemble du personnel. De longues négociations se sont alors engagées qui ont débouché sur la mise en place d’un conseil de direction et à l’édiction d’un règlement intérieur. « Nous avons passé des conventions avac les centres de santé et les hôpitaux qui lient l’octroi de primes salariales à de meilleures prestations. En échange, nous avons demandé une totale transparence, l’arrêt des dessous-de-table, l’affichage des tarifs, le respect des heures de travail et l’assurance d’un service 24 heures sur 24 », détaille le docteur Georges Dallemagne, co-directeur du projet de coopération.
Ainsi, si désormais l’hôpital fonctionne mieux, si les soins dispensés sont de meilleure qualité, il attire de facto d’avantage de patients, ce qui fait augmenter d’autant les salaires des fonctionnaires de par le système d’octroi de primes. La boucle est bouclée.
« Nous avions besoin que la population reprenne confiance en ses services de santé, mais il fallait pour cela motiver les fonctionnaires, poursuite le directeur du projet. Les uns partaient dans des cliniques privées que dirigeaient les autres, et ainsi vidé de sa substance, l’hôpital mourrait lentement. »
En outre, le soutien technique d’un chirurgien expatrié a permis de rouvrir le service de chirurgie. Jusqu’à l’année dernière, l’hôpital de Siem Reap ne pouvait faire face qu’aux seuls accidents de la route. Il dépiste et traite aujourd’hui les cancers, les problèmes de thyroïde, d’abdomen et de prostate. » Avant, ces patients étaient tous envoyés à Phnom Pehn. Mais notre rôle ne s’arrête pas à l’hôpital de Siem Reap. Il s’étend à toute la province, plus celle d’Oddar Meancheay. Sur l’enveloppe de 6 millions de dollars, seuls 800.000 sont dédiés à cet hôpital. Le travail se répartit en fait sur l’ensemble du système de santé de la région. Il faut motiver les fonctionnaires et pour cela, pas moins de 100.000 dollars sont annuellement injectés dans la cadre de notre projet en simple revalorisation des salaires », précise le responsable.
Enfin, un système de fonds de solidarité a également été mis en place afin de faire bénéficier les plus pauvres d’un accès aux soins gratuit. « Le but était de parvenir à élargir l’offre de soins tout en augmentant la qualité des services », poursuit Georges Dallemagne. Et d’ajouter : « le personnel a montré l’exemple; devant l’afflux de patients, il semble que la population ait également senti ce changement. Nous avons planté la graine de la confiance et de la qualité. L’hôpital de Siem Reap n’est aujourd’hui plus une simple coquille vide. C’est pourquoi il dit rester là où il est. Pour continuer à servir la population. »
Frédéric AMAT