Aujourd’hui, visite du dispensaire de Varin dans le district d’Angkor Chum. C’est un peu le bout du monde, je n’y étais pas encore allé. La piste s’étire longuement, passe entre rizières et forêt, puis s’effiloche en de multiples chemins défoncés que notre véhicule suit à très petite vitesse.
Parfois la piste disparaît et nous roulons dans les champs asséchés à cette saison. Nous dépassons des charrettes tirées par des bœufs et chargées de paille de riz. Nous passons des villages blottis sous les manguiers et les cocotiers. Au bout d’une plaine aride, Varin. Le dispensaire a été reconstruit il y a trois ans par la Banque Mondiale mais les villageois ne s’y pressent pas car son personnel n’a pas de formation et il y a peu de médicaments. Il y a 12 ans, les trois infirmières du village d’à côté ont été assassinées par les Khmers Rouges, d’une balle dans la tête. Notre arrivée est un évènement pour des gens qui ne voient jamais passer d’étranger. Les notables du village sont là. On perce des noix de coco pour en boire le jus doucereux et légèrement fermenté. Des plats de riz, de légumes cuits, de prahok et de porc nous sont servis. Une longue discussion s’engage sur la terrasse du dispensaire. Deux femmes sont mortes en couches le mois dernier dans cette petite communauté de 200 familles, l’une de malaria, l’autre d’hémorragie suite à une rétention placentaire. L’eau aussi est un problème. Il n’y a pas de puits au dispensaire ni même au village. Juste l’eau boueuse de quelques mares. La malaria tue dans la région. C’est l’anophèle des forêts alentours qui, lorsqu’il pique, injecte le plasmodium falciparum. On nous réclame des moustiquaires et des antipaludéens.
La réunion se termine. C’est décidé, une jeune femme scolarisée accepte de partir au centre régional de formation des sages-femmes à Battambang, à 200 km d’ici. Grâce à la coopération belge, je lui fournirai une bourse. A son retour le dispensaire recevra des dotations régulières en médicaments essentiels. Le dispensaire sera aussi doté d’un appareil de radio communication I-Com pour être en contact avec la direction provinciale de la santé. Et nous rembourserons les frais de transport des malades graves qui seront transférés à l’hôpital de Siem Reap à 150 km de là. Des équipes mobiles de détection et de traitement de la malaria seront mises sur pied et des moustiquaires seront fournies au village.
Quand je lis ta visite du dispensaire de Varin, je me rappelle nos tribulations dans les provinces de Otdar Mean Cheay, Preah Vihear et Banteay Mean Cheay ! Les gens m'ont l'air encore plus mal en point dans la région que tu viens de visiter. Et les routes sont toujours aussi pénibles... As-tu des nouvelles de la dame malade d'une péritonite qui attendait son opération à Samraong ?
Rédigé par : Christian | 09/03/2005 à 10:32
Et dire que nous sommes en 2005!
Rédigé par : Kate | 07/03/2005 à 02:43