Je me demande si ce que je ne préfère pas dans les cérémonies officielles auxquelles je suis invité à prendre la parole, c’est l’hymne national par lequel débutent invariablement ces réunions pour le reste généralement ennuyeuses. Sur l’ordre du maître de cérémonie, l’assemblée se lève, prend un air compassé, incline légèrement la tête sur le côté gauche et un enregistrement suraigu de cœurs de type Corée du Nord entame joliment une mélopée bruyante et acidulée. Je connais alors une expérience physiologique intense et complexe. Les aigus caracolent aux confins de mes zones cochléaires jamais explorées. Un léger frisson me parcourt l'échine et les avant-bras. J'ai des visions colorées de bataillons de femmes et d’hommes en soieries rouge et or et bleu, l’œil posé au loin sur les lendemains qui chantent. Je ne peux réprimer un petit frisson d’émotion, d’attendrissement et de légère crainte mêlée face à ce qui entend représenter l’âme d’un peuple, ses aspirations, mais aussi peut-être un jour encore, ses excès. La musique s’arrête. Le charme se rompt. Chacun se rassied. Je reste songeur. Toutes les Nations ont leur Hymne. Pour le meilleur? Croisons les doigts.
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