Miss May est une institutrice maternelle discrète. Elle est birmane. De grands yeux bruns, le regard sobre, elle parle d'une voix claire et posée aux parents d'élève qui sont conviés à la première réunion d'école après la prise d'otages. Mince et droite, tailleur gris, elle fixe la petite foule des parents et des enfants qui se revoient ensemble pour la première fois ce samedi après-midi dans la salle de bal du Sofitel de Siem Reap. Elle raconte simplement les faits. Il était 9 heures ce matin là. Elle avait la garde des enfants de maternelle. Des enfants de deux à cinq ans. Ils venaient de prendre une petite collation. On les faisait sortir des classes dans le couloir central du petit bâtiment qui donne sur le jardin. Les premiers d'entre eux étaient déjà sur la terrasse et s'apprétaient à en descendre les quelques marches vers le sentier puis le gazon où un chapiteau avait été dressé pour la fête de l'école. Ils allaient répéter une dernière fois le spectacle de fin d'année sur la grande pelouse. Danses, chants et rondes d'enfants. On se bousculait gentiment. On se tenait la main. Tout à coup un homme a crié. Men! Men! Gun! Gun! Miss May s'est rapidement retrouvée plaquée contre un mur, un pistolet sur la tempe. Elle n'a pas bronché. Tir en l'air. Panique des enfants. Calmement, alors que les élèves de primaire et les autres professeurs courrent, crient et se mettent à l'abris dans l'autre bâtiment de l'école, celui qui fait un angle droit avec les classes de maternelle, Miss May se dégage et rassemble ses enfants. Sous la menace des quatre bandits, elle réunit les 29 petits garçons et filles autour d'elle dans la classe à gauche en entrant. Ils pleurent, ils ont peur. Mais l'institutrice entonne une chanson enfantine, puis demande aux enfants de chanter avec elle. On chante sans s'arrêter. Les enfants se sont calmés. Miss May a réussi à les rassurer. Un enfant se met à rire en regardant les bandits. Miss May propose aux autres de rire aussi pour casser l'angoisse. Les preneurs d'otages ne s'en offusquent pas. Les heures s'écoulent, les négociations piétinent. Des enfants s'endorment, Miss May lit un livre et raconte des histoires aux enfants qui ont faim. Mais la police a refusé la proposition de la direction de l'école d'apporter à manger aux enfants. Tout à coup, un preneur d'otage se saisit de Maxime à deux mains, le porte devant lui et sort. Dehors, un coup de feu. Le preneur d'otage revient et laisse tomber Maxime qui vient d'être mortellement touché à la tête. Miss May dit aux enfants que Maxime dort. Mais les enfants ont peur. Les preneurs d'otage n'ont pas obtenu les armes qu'ils voulaient. Ils ont les 30.000 dollars et la camionnette qu'ils réclamaient. Ils décident de tenter de partir en emmenant avec eux une demi-douzaine d'enfants. Les enfants sont saisis au hasard. Miss May les rassure encore tant qu'elle peut et leur dit qu'ils rentrent à la maison. Elle se bat contre les ravisseurs pour entrer dans la camionette et les accompagner. Ils la repoussent mais elle parvient à rentrer dans le véhicule. La camionette s'ébranle. Elle n'ira pas loin. L'assaut est donné. On tire. Le chauffeur est touché. La police se rue. Les vitres sont brisées. Des mains extraient les enfants. Les ravisseurs sont frappés, jetés à terre. Les autres enfants sortent de la classe, les parents se ruent. Ils étreignent enfin leurs enfants en sanglotant éperdument. Ils fuient maintenant loin, très loin, emportant leur vie sauvée de l'abîme. Miss May restera l'héroïne discrète de cette affreuse journée.
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Rédigé par : fashion dresses | 05/12/2013 à 05:28
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Rédigé par : Villepin | 27/06/2005 à 19:19
Comment cela se passe après cet effroyable drame ? J'imagine que la vie n'est plus tout-à-fait la même ? Plus de solidarité et de liens entre expats ? Des mesures de sécurité ont-elles été prises ? Comment réagissent les filles ? Je suis de tout coeur avec vous.
Rédigé par : christian | 26/06/2005 à 13:39
J'ai suivi cette triste actualité du bout du monde dans nos médias belges... J'ai vu des images, entendu des commentaires, dont les tiens... Résultat : un sentiment d'effroi, de révolte, de haine. Puis, j'ai lu tes notes sur ce blog : les larmes ont coulé ... Entre des reportages où le sensationnalisme prime, et des textes empreints d'émotion, de vécu brut, sans commentaires exagérateurs ou réducteurs, quel est le meilleur "journalisme" ?
Rédigé par : Nath | 20/06/2005 à 23:06