Presque 5 ans après notre premier colloque, nous avons voulu donner une suite au cri d’alarme, à la mobilisation qui avait été la nôtre à l’époque, à la résolution que nous avions fait adopter par la Chambre à l’unanimité. Nous étions à l’époque parmi les premiers à oser nous alarmer publiquement, dans le champ politique du sort de minorités chrétiennes. Nous répondions déjà à l’appel au secours de communautés chrétiennes en Irak, en Turquie ou en Egypte.
Cela peut paraître incroyable, mais à l’époque il était politiquement incorrect de parler de la persécution des minorités chrétiennes. Je me souviens avoir interrogé le Ministre des Affaires Etrangères en Commission de la Chambre sur les persécutions des Chrétiens, il avait réussi le tour de force de me répondre sans prononcer le mot chrétien, ce qui montre la « pudeur » avec laquelle on abordait ces questions il y a moins de 5 ans, pourtant en pleine débâcle des chrétiens d’Irak.
Mais ce cri d’alarme que nous avions entendu, c’est la raison majeure de notre réunion d’aujourd’hui, s’est transformé en une immense clameur. A la faveur des révolutions arabes notamment, mais surtout de l’émergence d’un islamisme radical et intolérant, l’incendie s’est propagé. Les discriminations, les harcèlements qui concernaient les chrétiens d’Orient dans certains pays se sont intensifiées, se sont propagées à d’autres pays, à tel point que certains représentants de communautés religieuses se demandent si ce n’est pas l’existence même des Chrétiens d’Orient qui est aujourd’hui menacée.
L’hémorragie humaine est en tout cas extrêmement préoccupante. En Irak, les Chrétiens qui étaient plus d’un million ont vu leur nombre divisé par 4, même si quelques-uns reviennent aujourd’hui fuyant des menaces encore plus graves en Syrie où ils avaient trouvé refuge. En Libye, les Chrétiens qui étaient plus de 200.000 avant la guerre seraient moins de trois mille aujourd’hui et j’entends que les autorités libyennes auraient demandé aux derniers catholiques de quitter le pays, arguant du fait qu’elles ne pouvaient plus assurer leur sécurité.
Et pour ne reprendre que quelques faits parmi les plus récents et sans chercher à faire un inventaire, tout le monde a en tête le calvaire de la ville de Maloula, un des berceaux de la chrétienté en Syrie où les habitants parlent encore l’Araméen, ville qui connait d’intenses combats entre le groupe islamiste Al Nosra et l’armée syrienne depuis des semaines et d’où la plupart des chrétiens ont fui sous le harcèlement des islamistes. Hier on apprenait qu’une douzaine de religieuses du couvent de Sainte Thècle auraient été emmenées par un groupe armé san qu’on soit fixé sur leur sort ;
Début novembre ont a aussi appris les atrocités commises dans les villes de Sadad et d’Hofar de nouveau par des islamistes, atrocités décrites par le Métropolite Silwanos Boutros Alnemeh comme le « plus grave et le plus important massacre de chrétiens jamais commis en Syrie », depuis le début du conflit en mars 2011.
Le 22 septembre dernier le Pakistan connaissait aussi l'attentat le plus meurtrier jamais perpétré contre sa minorité chrétienne. Deux kamikazes se sont fait exploser devant la foule des fidèles de All Saints Church à l'heure du service dominical, provoquant un véritable carnage.
Et je ne parle même pas de la situation catastrophique des Chrétiens dans le nord du Nigéria, en Centrafrique ou les sérieuses alarmes qui nous parviennent d’Indonésie ou de l’Inde.
Cela fait beaucoup, en fait quand on tente de faire le tableau d’ensemble, il est effrayant.
Si nous avons voulu nous concentrer ce matin sur la situation des Chrétiens d’Orient c’est parce que la situation y est la plus préoccupante, quasi existentielle, les attaques à leur encontre les plus massives,
Mais aussi parce que nous croyons qu’en s’attaquant aux Chrétiens de ces régions, on s’attaque en fait à ces sociétés dans leur ensemble, à leur histoire, à leur patrimoine.
On s’attaque en fait à leur identité, au message qu’elles ont délivré depuis des siècles au reste du monde. Ces sociétés avaient réussi à faire cohabiter depuis des siècles, depuis en fait la naissance en leur sein des religions monothéistes, des croyances d’une variété et d’une richesse extraordinaire.
Quand on voit toutes les religions, tous les schismes, tous les cultes, toutes les convictions qui sont nés dans ces pays et qui y ont coexisté, on ne peut qu’être impressionné par ce que j’appellerais un véritable miracle de la biodiversité religieuse si vous me permettez cette expression. Bien sûr la coexistence de ces différentes religions n’a pas toujours été un long fleuve tranquille.
Mais ce à quoi nous assistons aujourd’hui le harcèlement des chrétiens de ces pays, mais aussi d’autres composantes minoritaires de ces régions est sans précédent dans l’histoire de ces pays. C’est une vraie cassure historique, culturelle. J’oserais dire que nous assistons si nous n’y prenons garde, à vrai changement de civilisation.
Et si cela devait se produire, la disparition à terme, dans 10 ans ou 20 ans de la Chrétienté dans des pays qui l’ont vu naître serait une blessure profonde et aux conséquences incalculables infligées à ces pays.
Je voudrais citer ici les mots de Shahira Mehrez, une égyptienne de confession musulmane sunnite, figure éminente de la société civile cairote, dont les propos sont rapportés dans l’édition en ligne du journal La Croix du 28 novembre dernier.
Elle dit ceci : « Nous savions bien que la confrérie - je ne veux pas les appeler « Frères musulmans » parce que les musulmans c’est nous -, commencerait par les Chrétiens, les plus faibles dans la société, mais qu’ensuite ce serait le tour des chiites, des femmes, des pauvres et puis finalement de nous tous » expliquait-elle. « Résister à la destruction des symboles de l’autre, quel qu’il soit, est notre responsabilité à tous. » Ces paroles sont d’or. On ne peut mieux dire, on ne peut mieux résumer l’objet même de notre démarche aujourd’hui.
Ce qui est tragique avec les Chrétiens d’Orient, c’est qu’ils sont perçus de nos jours comme des immigrés, ils sont traités comme des étrangers dans des pays qui sont pourtant le berceau du Christianisme. De surcroit, ils sont les victimes faciles de tensions et de révolutions auxquelles ils n’ont pas pris un rôle majeur, préférant la plupart du temps garder un profil bas.
Mais je veux aussi insister sur le fait que l’onde de choc de ces attaques antichrétiennes pourrait être encore bien plus dévastatrice qu’on ne l’imagine. On le voit partout, la haine de l’autre, de l’autre religion gagne partout du terrain, et l’épicentre de la haine à l’égard des minorités religieuses concerne bien les Chrétiens d’Orient, mais peu de pays sont aujourd’hui épargnés et les persécutions en amènent d’autres, que l’on songe aux crimes perpétrés aujourd’hui par des fanatiques bouddhistes à l’encontre des Rohynga, pour ne prendre qu’un exemple particulièrement grave et actuel.
Un Orient totalement débarrassé de ses Chrétiens aux portes de l’Europe ne pourra avoir que des effets désastreux sur la manière dont les européens eux-mêmes envisageront leur vivre ensemble.
Face à la gravité de ces problèmes, à leur étendue, à leur urgence,
- mais aussi face aux signes d’espoir et de réconfort qui se dessinent parfois dans certains pays, nos orateurs en parleront sans doute et je veux le souligner,
(j’ai mentionné tout à l’heure le combat pluraliste de certains représentants de la société civile égyptienne qui sont regroupés en un front commun de la société civile égyptienne),
il nous a paru important de faire l’état des lieux, de poser le bon diagnostic, de faire le point sur les initiatives en cours, de ne pas se tromper sur la réponse à donner, de lui donner une nouvelle impulsion.
Nous avons donc voulu nous entourer à la fois d’experts du monde académique et nous sommes particulièrement heureux d’accueillir certains des meilleurs connaisseurs des Chrétiens d’Orient, nous avons aussi voulu entendre le témoignage des représentants de certaines communautés de la Syrie, du Liban, ou de l’Egypte en donnant aussi parfois la parole à des non chrétiens.
Et puis nous avons aussi souhaité, parce que c’est notre rôle à nous les députés à l’origine de cette réunion, faire le point sur les initiatives politiques en cours sur celles qui doivent impérativement être prises.
Bien sûr les sociétés du Mashreq doivent se défendre et se protéger elles-mêmes contre les sectarismes, les exactions et les persécutions qui visent les Chrétiens et les autres composantes non majoritaires de leur population, il en va de leur propre survie, comme je l’ai indiqué tout à l’heure. La présence parmi nous de l’Ambassadeur du Liban et du Premier conseiller de l’ambassade d’Egypte à Bruxelles qui montre l’intérêt des gouvernements de ces pays aux discussions de notre matinée, le cas échéant, leur point de vue sera très apprécié.
Mais ici en Belgique, en Europe, nous ne pouvons rester les bras ballants, et face à l’étendue de certains crimes des actions déterminées doivent être entreprises.
Nous discuterons à la fois des initiatives européennes et de ce que peut faire la Belgique.
Parmi les initiatives, je veux en mentionner rapidement deux ou trois qui me tiennent à cœur. D’abord au plan européen, il est temps de lier plus fermement aide économique, coopération et respect des libertés religieuses. Il serait opportun de sanctionner toute personne, organisation ou état coupable d’exactions à l’égard de minorités en refusant tout visa pour un séjour en Europe ou en gelant les avoirs de ces personnes ou organisations. Il faut d’urgence intensifier la coopération avec les pays ou associations qui protègent les minorités et au-delà, la diversité religieuse.
Je pense également que la Belgique devrait d’une part avoir une attention spécifique aux persécutions religieuses lors de l’examen de certaines demandes de séjour. Elle devrait aussi effectuer une démarche auprès du tribunal pénal international afin que les auteurs de crimes à l’égard de minorités religieuses, qui sont en fait des crimes contre l’humanité soient enfin poursuivis.
Ce serait une première, ce serait un signal fort.
I just couldn't leave your web site prior to suggesting that I extremely loved the usual info an individual provide in your guests? Is going to be back continuously to inspect new posts.
スノーボード ゴーグル レディース http://www.hi-zack.com/ブリヂストン-japan-4.html
Rédigé par : スノーボード ゴーグル レディース | 05/01/2014 à 15:25
That i provide our wow gold to high school and all-around my home. I adore having these products during the cold because they're so style! Manged to get these products regarding Xmas found in 2007 for a finished delight. Some quite bring in individuals for any 1st year, the difference is I can have definitely not delivering these products. We take these products during the summer very :) Your only bad aspect of my own is simply because look too big. That is because they are the Twelve and i provide a ten.
Rédigé par : wow gold | 31/12/2013 à 05:24
http://www.wagbety.com/%E3%82%BB%E3%82%A4%E3%82%B3%E3%83%BC-%E3%83%AC%E3%83%87%E3%82%A3%E3%83%BC%E3%82%B9%E8%85%95%E6%99%82%E8%A8%88-c-2.html
Rédigé par : イルビゾンテ サンダル | 30/12/2013 à 11:33
サロンドアルファードジャパン その他 yahoo.co.jp DIESEL バッグ
Rédigé par : OROBIANCO ブリーフケース | 09/12/2013 à 18:44